Avec une fin des ventes de voitures thermiques en 2035, renouveler le parc automobile actuel relève d’une grande importance. Le retrofit, qui permet de convertir un véhicule thermique en un véhicule électrique, est une solution fortement encouragée par le gouvernement depuis mars 2020. Une aubaine pour continuer à circuler avec une voiture thermique… en version électrifiée. Assurnext vous dévoile le guide du retrofit.

Qu’est-ce que le retrofit ?
Traduit en français par les mots « conversion » ou encore « rénover », le retrofit électrique permet de changer un véhicule tout en maintenant son fonctionnement initial. Le principe repose sur le changement du moteur thermique (diesel ou essence) et de le remplacer par un moteur électrique.
L’électrification d’un véhicule thermique… Pas si nouveau que ça
Bien que l’on catalogue le retrofit comme une « nouvelle solution », ce système d’électrification d’un véhicule thermique ne date pas d’hier. Il est né à la fin des années 50, aux États-Unis. La première voiture électrifiée annoncée au public était la fameuse Henney Kilowatt.
Ce fût un échec puisque non seulement la voiture était peu performante, mais elle était aussi peu endurante. D’autres voitures prototypes ont suivi la tendance du retrofit, telles que la Mars 2, la lectric leopard (Renault 5 modifiée) ou encore la Renault 12.
Ce projet d’électrification automobile était perçu comme trop avant-gardiste et n’a pas su convaincre les masses.
Le retrofit, moins cher qu’un véhicule neuf
Rapide et pouvant être installé en quelques heures sur un véhicule, le retrofit reste une alternative plutôt accessible. Par exemple, pour une twingo, ce sera 5 000 € selon l’entreprise Transition-One.
Mais la fourchette de prix varie : entre 8 000 € pour les petites voitures citadines à plus de 15 000 € voire 20 000 € pour les plus gros modèles de véhicules (avec les aides déduites).
Un coût qui reste relativement moins cher que l’achat d’un nouveau véhicule électrique, dont le prix varie entre 25 000 euros pour une Renault Zoé et plus de 100 000 € pour une Tesla Model S.
Le retrofit : une solution possible pour 2035

Projet voté par le parlement européen en juin 2022, l’interdiction des voitures thermiques sera bien effective en 2035. Avec le contexte des zones à faibles émissions, le retrofit est peut-être l’alternative à privilégier. Cette conversion d’un véhicule thermique en véhicule électrique s’avère plus économique, au vu de l’augmentation du prix des matières premières.
La transition vers la voiture électrique sera plutôt difficile, et ce n’est pas un pari gagné comme le stipule l’économiste Flavien Neuvy dans une interview avec Capital. « Il y a une vraie incertitude autour du coût des matières premières. Aujourd’hui, on constate qu’elles ont beaucoup augmenté, ce qui a eu pour effet de faire grimper le prix de vente des électriques, quel que soit le modèle. Le risque est qu’en 2035 nous ayons des voitures électriques à des prix trop élevés pour la plupart des ménages. Il faut faire attention à l’accessibilité financière de ces voitures. »
Primes, aides… La conversion à la voiture électrique encouragée

Il existe des primes qui permettent de faire des économies sur le retrofit électrique. Selon son revenu fiscal et le modèle de la voiture, le montant de l’aide à la conversion peut varier entre 2 500 et 5 000 € dans le cadre du retrofit.
Cependant, il faut quand même remplir certains critères afin d’en bénéficier :
- avoir acheté son véhicule depuis au moins 1 an ;
- avoir la majorité ;
- être domicilié(e) en France ;
- l’avance de l’aide doit être faite par le professionnel qui va réaliser le retrofit. Cette avance est effectuée lors de la facturation et doit être visible sur la facture ;
- ne pas vendre le véhicule avant le seuil des 6 000 km ;
- recourir à un professionnel habilité (pour changer le moteur thermique en un moteur électrique) ;
- tout véhicule transformé doit être gardé un an avant de le revendre (stipulé par le décret du 26 avril 2022).
Éligible au prêt à taux zéro
À partir du 1er janvier 2023, certains pourront rétrofiter leur véhicule avec un prêt sans intérêt (PTZ). Le gouvernement a en effet autorisé le PTZ dans le cadre de la loi climat et résilience 2021, qui ne concernait jusqu'à présent que les achats de véhicules électriques ou hybrides.
Prêt à taux zéro pour le retrofit : des démarches à suivre
Ce prêt sans intérêt est une bonne nouvelle, mais il reste très encadré. Tout d'abord, il n'est accessible qu'aux habitants des villes concernées par l'implantation des ZFE-m (toutes les villes de 150 000 habitants ou plus). Au-delà, il ne sera accessible qu'à ceux dont le revenu fiscal de référence n'excède pas 14 000 €.
Les experts de l'industrie du rétrofit estiment que 500 véhicules pourraient être concernés d'ici 2023, avec un coût moyen de 14 000 €. Cette valeur particulièrement faible s'explique par les barrières de l’homologation.
En effet, les fabricants de kits de rechange doivent mériter ce sésame délivré par le Centre national d'acceptation des véhicules (CNRV) après avoir été testé par l'UTAC, le laboratoire de test des services publics pour l’automobile. Cette certification est indispensable pour chaque kit et chaque modèle de véhicule couvert : un coût non négligeable pour les professionnels.
Quelles voitures pour le retrofit ?

Techniquement, toutes les voitures peuvent être rétrofitées. Toutefois, le professionnel, qui s’occupera du retrofit, doit recevoir l’homologation. C’est d’ailleurs ce qu’explique Aymeric Libeau dans une interview pour le site internet Mediaroole, fondateur de l’entreprise Transition-One et président de l’AIRe, Acteurs de l’industrie du retrofit électrique. « Pour qu'il puisse être réalisé, il faut que pour chaque marché et chaque véhicule, un acteur reçoive une homologation. […] Il faut préparer un dossier technique et réaliser des tests. L'homologation n'est pas un frein au développement du rétrofit, elle permet de démontrer au client qu'une autorité indépendante a validé le respect des normes de sécurité. »
Catégories de voitures rétrofitées
Les véhicules pouvant être rétrofités doivent être :
- dans la catégorie L, M et N de véhicules. Ces trois catégories comprennent les motos, cyclomoteurs, quads, véhicules dotés d’au moins quatre roues et transportant des passagers, véhicules prévus pour le transport de marchandises telles que les camions et les camionnettes ;
- les véhicules de plus de 5 ans (sauf ceux issus de la catégorie L, plus de 3 ans pour ces derniers).
Comme vous avez pu le voir, le retrofit est possible sur un grand nombre de modèles. La condition principale à respecter, une immatriculation d’au moins 5 ans (sauf la catégorie L, dont les véhicules doivent avoir une immatriculation d’au moins 3 ans).
Qui fait du retrofit en France ?
En France, selon leshorizons.net, média dedié à l’écologie et au climat, il existe une quinzaine d’entreprises dans le domaine du retrofit :
- Carwatt
Startup de Gérald Feldzer, cette dernière voit le jour en 2015. Elle axe un retrofit sur les batteries les moins performantes des véhicules, récupérées chez des constructeurs automobiles. Leur but ? Une production de kits d’électrification pour alimenter les nouveaux véhicules électriques.
- E-Néo
Startup fondée par Jérémy Cantin, E-Néo est spécialisée dans la conversion électrique des véhicules lourds. Un objectif de généraliser le retrofit auprès des professionnels.
- Ian Motion
Fondée en 2016, la startup Ian Motion propose un large panel de services dont le retrofit électrique des véhicules.
- Lormauto
Startup fondée en 2020 par Sébastien Rolo, elle propose des voitures rétrofitées en location avec des prix accessibles.
- Méhari Club Cassis
Fondée dans les années 80 par trois frères Georges, Gilles et Philippe, cette entreprise vend des kits de conversion et des 2CV électriques neuves.
- Neotrucks
Créée en 2020 par son fondateur Yves Giroud, cette startup s’occupe du recyclage ainsi que du retrofit des véhicules catégorisés poids lourds et autres engins non homologués.
- NOIL
Cette startup parisienne, créée en 2019, est spécialisée dans le retrofit de véhicules à deux ou trois roues.
- Novum Tech
Conception de batteries au lithium, kits d’électrification complets pour les engins industriels, spéciaux et les véhicules routiers… Cette PME aux quatre associés (Mickael Robert, Lorris Guilloux, Lionel Dubost et Hocine Chelghoum) propose du retrofit.<
- TOLV
Fondée par Antoine Desferret et Wadie Maaninou en 2018, cette startup propose des kits de conversion 100% électriques pour les véhicules spéciaux, véhicules tout terrain et les véhicules utilitaires.
- Retrofleet
Startup fondée par Emmanuel Flahaut en 2020, elle dispose d’une offre globale sur le retrofit. Cette dernière est dédié aux véhicules routiers et aux engins industriels.
- Retrofuture
Créée par Arnaud Pigounides en 2018, cette startup est spécialisée dans le retrofit des voitures retro thermiques en voitures électriques.
- Transition-One
Fondée par Aymeric Libeau en 2018, cette entreprise propose le retrofit générique. Une conversion du moteur thermique à un moteur électrique adaptable à de nombreux véhicules, pour les professionnels comme pour les particuliers.
Retrofit maison, kit retrofit électrique… Comment ça fonctionne ?
Il est possible de réaliser un retrofit à la maison, sans l’aide d’un professionnel. Cependant, cela reste une tâche fastidieuse et qui demande un certain savoir-faire, des compétences mécaniques mais aussi du temps libre.
Si vous n’avez pas de véhicule, nous vous recommandons de privilégier une voiture plutôt légère et petite. Cette dernière vous offrira plus de flexibilité mais aussi de possibilité pour y mettre les composants nécessaires : le pack de batteries ainsi que le moteur électrique.
La taille de ces éléments va bien évidemment varier en fonction de la taille disponible dans le véhicule et la performance souhaitée.
Le retrofit, plein de promesses mais aussi de limitations

Une aubaine de se mettre sur le bon chemin de la transition énergétique, le retrofit est une opportunité d’avoir une consommation responsable et de résoudre certaines problématiques sur le long terme. Néanmoins, le retrofit présente certaines limitations qui peuvent expliquer un développement plutôt lent.
Retrofit, réalisable difficilement sur tous les véhicules
Changer un véhicule thermique en véhicule électrique, c’est l’alourdir. Les batteries, qui doivent être présentes, représentent un poids non négligeable. Elles sont lourdes et chaque kilo en plus représente des renforts supplémentaires sur le poids initial du véhicule.
Une voiture retrofitée, c’est plus de poids à supporter et un risque de surcharge. Une problématique prise en compte dans la législation existante, rappelant qu’il doit y avoir une conformité entre le véhicule rétrofité et les mesures qui ont été faites sur l’homologation initiale de ce dernier.
Ce processus prend du temps et peut freiner le développement du retrofit électrique sur véhicules.
Un problème de ressources
Il y a un autre problème avec le retrofit. Cette méthode de conversion d’un véhicule favorise les anciens véhicules qui ont déjà entamé leur durée de vie. Ces derniers ont des carrosseries en acier qui finissent par rouiller au fil du temps.
La rouille est impossible à recycler. Avec des voitures anciennes qui ne peuvent être recyclées, difficile de se projeter. Bien que l’on consomme moins d’énergie, et que l’on soit plus favorable à une transition écologie, les anciennes voitures rétrofitées développent un parc automobile vieillissant et non-recyclable.
Une autonomie faible, une utilisation gourmande
L’autre point noir sur le retrofit, c’est son autonomie. Dans la plupart des cas de conversion automobile électrique, la puissance et la longévité de la batterie sont limités. L’autonomie n’excède pas les 100 km.
Dans de telles circonstances, le besoin de charger la batterie est plus récurrent. Qui dit plus de recharge, dit une usure plus rapide.
Une utilisation très restreinte
La conversion d’une voiture thermique en une voiture électrique est vendue comme la solution miracle. Cependant, elle va réduire votre utilisation du véhicule. Une voiture rétrofitée est idéale pour les courts trajets, lesdits usages quotidiens plutôt citadins. Elle n’est pas adaptée aux distances plus longues.
Batteries au lithium : pas très écologiques
Avec le cas des batteries au lithium, très utilisées dans les voitures électriques par l’énergie qu’elles proposent, il y a un problème conséquent. L’extraction du lithium (qui va finir dans la batterie) est très énergivore en eau, ce qui développe d’autres issues plus graves : pollution des sols, pillages des réserves en eau…
Le développement d’un parc automobile mondial plus électrifié va de pair avec une utilisation des batteries au lithium de plus en plus importante. Une dépense en énergie, qui sur le long terme, n’est pas très écologique.
Voiture 100 % électrique en 2035 : des enjeux en débat
Enjeux écologiques, humanitaires, environnementaux, neutralité carbone… Le projet de ne plus produire de voitures thermiques en 2035 et de développer l'utilisation des véhicules électriques semble être plus proche de l'utopie que de la réalité.
Un sujet en débat dans Public Sénat, avec des informations intéressantes à ne pas rater.
Sources : bymycar.fr, leshorizons.net, capital.fr, greenly.earth, tuningblog.eu,media.roole.fr
Photo d'illustration : © Jae Park, Unsplash